Colloques et journées d'étude | Archives 2014-2015
Cosmo-bio-politiques amérindiennes
Approches ethnographiques et comparatives
Pépinière interdisciplinaire CNRS-PSL
« Domestication et fabrication du vivant »
« Cosmo-bio-politiques amérindiennes :
Approches ethnographiques et comparatives »
Workshop organisé par
Perig Pitrou, CNRS/Laboratoire d’anthropologie sociale
Renato Sztutman, Université de São Paulo
9 juin 2015, 9h45 – 18h30
Collège de France, 3, rue d’Ulm, 75005, Rez-de-chaussée
L’usage du terme « cosmopolitique » est inspiré par les textes de Bruno Latour (2003) et d’Isabelle Stengers (2003, 2007), qui ont comme point de départ les Science and TechnologyStudiesainsi que les problématiques liéesà l’écologie politique. Selon eux, il convient de s’écarter de l’idée kantienne de « cosmopolitisme » en tant qu’expression d’une Raison humaine universelle qui pourrait amener à une « paix perpétuelle ». Il se révèle plus judicieux d’envisager des « guerres des mondes » dans lesquelles la Nature cesse d’être considérée comme une entité univoque : l’enjeu est alors de prendre en compte la manière dont les non-humains participent à la constitution des collectifs.La notion de cosmopolitique a souvent été mobilisée dans l’étude des socio-cosmologies amérindiennes pour rendre compte del’intégration des non-humains dans les relations sociales (de la Cadena 2010)alors même que ce processus est bien défini par la notion de « collectif ». En vérité, conformément à la signification que Latour et Stengers donnent à la cosmopolitique, il se révèle plus pertinent de signaler qu’il existe chez les peuples « non-modernes » une incertitude concernant les pouvoirs ou les agentivités des êtres du monde, selon les associations dans lesquels ils sont engagés (Da Col 2012 ; Pitrou 2013 ; Sztutman 2012). Lors de ce workshop, on souhaite donc privilégier une approche élargie de la politique, afin de réfléchir aux variations dans la manière dont les non-humains, en miroir ou en continuité de l’organisation humaine, exercent des pouvoirs, occupent des fonctions, jouent des rôles, possèdent des statuts, etc.Il s’agit en somme de penser la polyvalence des non-humains dans les collectifs ; de même que les humains sont engagés dans différentes formes d’interactions, ces êtres peuvent être enrôlés dans des entreprises aux finalités très diverses.
En proposant de mettre l’accent sur la cosmo-bio-politique, on souhaite penser la genèse, le fonctionnement et le maintien dans l’existence des collectifs amérindiens,en les mettant en relation avec leurs conceptions de la vie et du vivant (SantosGranero 2009). Heuristiquement, on peut considérer que les humains ne possèdent pas le pouvoir de produire des processus vitaux (croissance, reproduction, régénération, dégénérescence, etc.) qu’ils cherchent seulement à influencer ou à contrôler. Dans ces circonstances, l’enjeu est d’explorer comment sont coordonnées les actions des agents, humains et non-humains, à l’intérieur de ce genre de « configurations agentives » (Pitrou 2015). La tâche d’une enquête « cosmo-bio-politique » est donc de réfléchir à la manière dont se distribuent les agentivités, notamment pour mieux comprendre comment cette distribution peut conduire à un processus d’unification ou de pulvérisation politiqueou à des formes de hiérarchisation. Dans ce sens, le comparatiste gagne à mettre en relation les sociétés amazoniennes, longtemps décrites comme égalitaires et les sociétés mesoaméricaines et andines renvoyant à des modèles plus hiérarchiques dans lesquels le sacrifice occupe une place centrale. Plus largement, l’agencement entre les organisations politiques amérindiennes et les ethnothéories de la vie apparaît comme une variante possible des relations entre vie et politique dont on pourra tenter d’examiner les différences avec le développement de la biopolitique en Occident.
Programme
9h45 Accueil
10h00 Perig Pitrou (CNRS – LAS), Sacrifice et cosmo-bio-politique chez les Mixe de Oaxaca (Mexique)
11h00 Johannes Neurath (MuseoNacional de Antropología – INAH),Cosmopolítica y vida entre los wixaritari
12h00 Laurence Charlier (postdoctorante – LESC), La quête de la graisse et du sang : circulation, travail et prédation dans le Nord Potosi de Bolivie
13h00 Cosmo-pique-nique au Jardin des Plantes (inscription indispensable avant le Mercredi 3 Juin : https://goo.gl/higri3)
14h30 Joana Cabral de Oliveira (postdoctorante University of Oxford / Université de São Paulo), The concrete poetry of the world: the cosmopolitical practice among wajãpi families
15h30 Marc Brightman (University College of London), Indigenous cosmopolitics and the COP21
16h30 Pause
16h45 Renato Sztutman (Université de São Paulo / chercheur invité Université de Paris-Ouest Nanterre La Défense), Faire du beau, faire grandir : quelques aspects cosmo-biopolitiques de la magnification des personnes en Amazonie
17h45 Discussion générale
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