Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

La culture matérielle dans les stratégies de préservation culturelle des sociétés inuit contemporaines

Julie Graff

Résumé

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Cette recherche s’intéresse à la place de l’objet, les sens qu’on lui donne, les usages qui en sont faits, les récits qui l’entourent, dans le contexte des ruptures de la période coloniale et face aux processus actuels de résurgence qui touchent les sociétés inuit contemporaines, en prenant comme fil directeur celui de la préservation culturelle. Je participe aux réflexions menées depuis quelques années dans le champ de la culture matérielle autour des fonctions sociales et mémorielles des objets. Je m’inscris aussi dans une démarche pluridisciplinaire visant à compléter une vision pluriculturelle des différents discours, formulés de l’extérieur et de l’intérieur, sur le Nord. Cette recherche se penche dans un premier temps sur le bâtiment de l’ancienne mission catholique à Kangiqsujuaq (Nunavik). Ce bâtiment fait aujourd’hui partie du paysage patrimonial et mémoriel de Kangiqsujuaq en tant que plus vieux bâtiment de la communauté encore existant. Les objets qui s’y trouvent fonctionnement alors comme une collection témoin des relations établies entre différentes personnes et différents groupes, permettant de produire une histoire inuit de la culture matérielle allochtone dans le Nord. Un autre élément de ma recherche portait sur le rôle joué par l’agencement des objets en collections, leur qualification au sein de différentes catégories, leur définition et leur documentation par des acteurs divers. Les différentes institutions culturelles et patrimoniales fondées tout au long du 20ème et du 21ème siècle fonctionnent alors comme un réseau d’outils sociaux d’appropriation de la culture, qui s’éloignent ainsi des initiatives individuelles et communautaires, en implantant un certain nombre de structures et de méthodes. La thèse aborde alors les enjeux et les ambivalences liés à l’institutionnalisation des processus de préservation et de transmission culturelle. Une partie de la recherche est alors consacrée à la place de la créativité individuelle dans la reconstruction des modalités de transmission et dans la revitalisation des pratiques. La thèse se termine avec une réflexion sur l’établissement d’une souveraineté rhétorique, en prenant pour exemple le musée des Beaux-arts de Montréal. Je reviens tout d’abord sur les différents moments de contestation autour des musées, puis sur la transformation des paradigmes d’interprétation des objets, et plus particulièrement des objets qualifiés en œuvres d’art. Je touche là à un aspect particulier parallèle et interrelié aux questions de préservation culturelle, en explorant les récits autour des objets par le biais de la résurgence d’épistémologies inuit dans les paradigmes d’interprétation, et par la même sur les enjeux de présenter, et de représenter, les récits de continuité et de survivance. Le déroulement de cette thèse suit un cours majoritairement thématique, et se découpe en quatre chapitres soulignant la spécificité d’opérations réalisées dans différents environnements et par une diversité d’individus. J’en conclus que la préservation culturelle, au sein des sociétés inuit, peut être comprise comme un processus réflexif, visant l’autorégulation et l’auto-référentialité, qui inclue non seulement des dynamiques de sauvegarde matérielle et immatérielle, mais aussi des discours d’affirmation et de revendication, des phénomènes de réappropriation, de réactualisation et de revitalisation, de même que des moments de dissensions, de rejets et d’oublis.

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Jury

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  • Mme Marie Mauzé (Directrice de thèse), CNRS
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  • Mme Louise Vigneault (Directrice de thèse), Université de Montréal
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  • Mme Véronique Antomarchi, Université de Paris
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  • M. Laurent Jérôme, Université du Québec à Montréal
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  • M. Frédéric Laugrand, Université catholique de Louvain
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  • Mme Jrène Rahm, Université de Montréal
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  • M. Wiktor Stoczkowski, EHESS
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