Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

L'Iris Indigène. Enquête sur le processus de création en art contemporain

Raphaël Julliard

Résumé

,

Bâtie sur l’expérience de l’auteur comme artiste plasticien et sur un cursus en histoire de l’art, cette thèse s’inscrit en anthropologie, discipline qui offre des outils pour décrire le processus de création d'une œuvre d'art depuis les premiers croisements d’idées jusqu'à ce que l'artiste la considère comme terminée. La thèse s’appuie sur la proposition d’Alfred Gell (2009) selon laquelle les œuvres d’art fonctionnent comme des agents parmi les humains. Toutefois, cette proposition est précisée au moyen d’une lecture spécifique du processus de désorcèlement décrit par Jeanne Favret-Saada (1977, 2009) : un artiste est « pris » par l’œuvre d’un autre ; c’est en cherchant à atteindre la même force que cette œuvre, pour s’en « déprendre », qu’il développe sa propre pratique ; en contrant cette œuvre tierce par son œuvre propre, il est pris à nouveau, mais par lui-même. Ceci établit une relation cyclique d’auto-ensorcèlement / auto-désorcèlement entre l’artiste et ses œuvres.  Les rouages de cette relation sont explorés selon différentes lignes. Historique d’abord sur les artistes nord-américains Jackson Pollock (1912-1956) et Joseph Kosuth (*1945). Ethnographique ensuite avec une dizaine d’artistes français et nord-américains selon plusieurs modalités : 1) entretiens longs portant sur le vocabulaire qu’ils utilisent pour décrire leurs processus de création ; 2) expériences où l’ethnographe apprends à faire une œuvre avec eux ; 3) expériences sous forme de défi où l’ethnographe force les artistes à faire usage d’un matériel de départ pour faire œuvre ; 4) entretiens micro-phénoménologiques (Petitmengin et al. 2019) permettant à l’artiste de revivre et décrire réflexivement l’action passée du défi. L’ensemble laisse apparaître que les artistes s’appuient, sans le maîtriser complètement, sur ce qui les prend pour produire leurs œuvres. Cette production pourtant s’avère moins un but en soi qu’un moyen pour entrer en contact avec ce qui les prend.

,

Jury

,
    ,
  • M. Michael Houseman (Directeur de thèse), EPHE
  • ,
  • Mme Michèle Coquet, CNRS
  • ,
  • Mme Francesca Cozzolino, Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs
  • ,
  • M. Thierry Dufrêne, Université Paris Nanterre
  • ,
  • M. Jean-Baptiste Eczet, EHESS
  • ,
  • Mme Sophie Houdart, CNRS
  • ,
Partager ce contenu