Axe de recherche / Arts et techniques

Cet axe relève de trois domaines de l’anthropologie : l’art, la culture matérielle et les techniques. Il est concerné à la fois par les savoir-faire mobilisés dans la vie quotidienne ou dans le cadre d’activités spécialisées (les rituels, par exemple) et par les artefacts utilisés ou produits lors des activités techniques, dont les productions relevant de l’art au sens commun ou institutionnel du terme. Plusieurs champs d’investigation, qui parfois se recoupent, peuvent être distingués.   Une partie des recherches de cet axe porte sur les formes d’appropriations artistiques croisées. Il s’agit de s’intéresser aussi bien aux différentes modalités d’appropriation des arts non occidentaux en Europe depuis le début du 20e siècle (collectes, collections, expositions, créations artistiques), qu’à la manière dont les peuples autochtones se réapproprient aujourd’hui les objets issus de leur propre culture (demandes de rapatriement, part active prise dans la conservation et l’exhibition muséales), ou encore à ce qu’ils importent de l’Occident dans leurs propres créations (iconographie, médiums, styles...).

Les recherches relevant d’une anthropologie des images privilégient l’étude de la propagation sociale des iconographies et l’identification de leur apport à la transmission des connaissances. Il s’agissait d’examiner d’une part, le rapport des images avec la mise en place d’une mémoire sociale (« arts de la mémoire » occidentaux et non occidentaux) et, d’autre part, les différents rôles joués par l’image dans les rituels. Dans ce cadre, les enquêtes ont porté sur l’image en acte et sur les types d’interactions qu’elle suscite, ainsi que sur les différentes formes de transmutation (ou de passage d’un code sémiotique à un autre : de l’image à la parole, de l’image au son...) qu’elle implique au sein de l’action rituelle. Ces recherches ont bénéficié du dynamisme impulsé par des collaborations internationales avec l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, l’Université de Berkeley, du soutien de la Fondation Fyssen et de l’EUR Translitterae.

Les recherches anthropologiques sur les cultures matérielles ont fourni ces dernières années un nouveau cadre méthodologique et théorique à l’étude des religions qui met l’accent sur les modalités concrètes de leur émergence. Sans négliger la symbolique, les chercheur.e.s du LAS qui travaillent sur les pratiques cultuelles et dévotionnelles accordent une place centrale au rôle médiateur des artéfacts religieux, aux manières dont ils sont mobilisés, fabriqués, obtenus, à leurs trajectoires matérielles, à leurs biographies et à leurs manières de s’immiscer dans la vie de leurs dépositaires. L’attention est également portée aux contraintes économiques et spatiales de la gestion rituelle, aux déterminismes techniques, aux potentialités médiatiques et à l’éducation corporelle des pratiquants.

À la différence de l’anthropologie anglosaxonne qui s’est surtout intéressée au champ de la consommation et axe ses recherches sur la matérialité, l’école française de technologie culturelle s’est davantage focalisée sur la production. Or l’anthropologie des techniques ne se limite pas à l’étude des artéfacts (outils ou matières travaillées), anciens ou innovants, quotidiens ou rituels, utilisés suivant leur destination première ou dérivée. Elle embrasse des actions sur le vivant et des actions peu ou pas outillées (tels l’élevage et les techniques du corps). Par une ethnographie fine, il s’agit d’analyser le fonctionnement des gestes et des dispositifs, ainsi que l’apprentissage des savoir-faire, en explorant dans la diversité des manières de faire les voies multiples de l’efficacité et de leur dynamique.

L’étude de l’activité technique et des pratiques artistiques offre une voie d’accès privilégiée pour mettre en évidence les théories de la vie élaborées par les sociétés. Le développement des techniques du corps, la fabrication d’objets à partir de biomatériaux prélevés sur des êtres vivants ou la domestication de ces derniers sont des configurations offrant un terrain privilégié pour l’anthropologie de la vie qui s’intéresse aux diverses modalités de l’imbrication des processus vitaux et des processus techniques. Plus largement, les membres du LAS examinent comment la fabrication d’artefacts peut servir à penser des processus vitaux, tandis que les êtres vivants sont eux-mêmes parfois traités comme des artefacts. Par ailleurs, l’examen de la représentation des êtres vivants par des artefacts provenant du monde de l’art et des techniques constitue un moyen pour comprendre comment un groupe humain perçoit et conçoit les espèces vivantes présentes dans son environnement.

Équipes concernées

« Anthropologie des formes de réception et d’appropriation de l’art »

« Relations hommes/animaux »

« Anthropologie de la vie et des représentations du vivant »

« Anthropologie du visuel » « Anthropologie linguistique »