Axe de recherche / Corps, genre et parenté

Le deuxième axe vise à mettre en perspective les dynamiques relationnelles et les instances ontologiques qui sont à l’oeuvre dans la constitution du corps, les rapports de genre et les logiques de la parenté. Ces trois champs de recherche ne constituent en effet que trois différents aspects d’un seul et même sujet ; non pas parce que tous les trois seraient ancrés dans un quelconque substrat biologique, mais parce qu’il s’agit dans les trois cas d’étudier le tissu des relations sociales dans sa dimension corporelle et, réciproquement, le corps dans sa dimension relationnelle.

Le corps constitue en effet un noeud de relations, de la sensation aux affects en passant par la perception, dont il s’agit d’étudier les effets dans la structuration de l’espace social et dans le déclenchement de l’action. Cette constitution relationnelle du corps se montre notamment dans sa dimension affective, sa capacité d’être affecté par d’autres corps, de les affecter à son tour, et d’objectiver ces affects dans des supports matériels, que ce soient des artéfacts ou des éléments de l’environnement. La matérialité du corps même devient ainsi concevable comme produit et outil de pratiques relationnelles. Parmi tous les aspects du corps, le genre est sans doute celui dont le caractère relationnel est le plus manifeste. « Masculin » et « féminin » ne peuvent être pensés comme attributs (même complémentaires) du corps individuel ; ils ne sont que deux faces d’une polarité structurant un espace relationnel plus large, dont le corps individuel fait partie. Cet espace genré ne se réduit pas à la seule dimension sexuelle, mais comprend la morphologie sociale dans toute son extension, des techniques du corps aux interactions avec l’environnement, en passant par l’architecture des habitations. Les membres du LAS étudient les multiples façons dont le genre est produit, du sculptage du corps (qu’on pense à l’excision ou aux interventions chirurgicales) jusqu’aux systèmes des valeurs reflétant les comportements et affects attendus d’un homme ou d’une femme.

L’inscription fondamentale du corps dans l’espace social se montre le plus clairement dans les structures de parenté. En tant que réseaux relationnels organisés selon les critères du genre et de la génération, ces structures sont loin de simplement refléter les liens généalogiques qui résultent de la reproduction de corps humains. À l’inverse, la reproduction des corps ne devient compréhensible qu’en tant qu’aspect partiel de la reproduction de l’espace social plus large – espace dont la logique générative est au coeur des études de la parenté. Les recherches au LAS retracent cette logique dans toutes ses dimensions, des rapports entre parenté procréative et non procréative (adoption, PMA, homoparentalité, etc.) jusqu’à l’étude formelle des terminologies de parenté, en passant par la question de l’inceste.

Cet axe de recherche s’est vu considérablement renforcé lors du contrat en cours par le dynamisme scientifique des équipes impliquant l’adoption de nouvelles méthodes de recherche et d’écriture collectives.

Équipes concernées

« Dynamiques relationnelles : parenté et socialité »

« Anthropologie comparative des sociétés et cultures musulmanes »

« Affectivité, perception, sensation : le corps agissant »