Equipe / Anthropologie de la perception : cosmopolitiques des attachements

Responsables : Barbara Glowczewski et Florence Brunois-Pasina.  

Chercheur.e.s du LAS : F. Brunois-Pasina, P. Déléage, C. Fortier, B Glowczewski, A-L Gutierrez Choquevilca, F. Keck, K. Kerestetzi, M. Lecomte-Tilouine, A. Morvan, C. Stépanoff, T. Yacine.  Doctorant.e.s et post-doctorant.e.s : K. Mariquian Ahouansou, M. Hawad, E. Kurovskaya, N. Lainé, N. Martin, S. Tselouiko, R. Villaret, V. Seurin, C. Audoan.  

Chercheur.e.s extérieur.e.s associé.e.s : O. Bonilla (Université de Fluminense), E. Castro-Koshy (etropics/JCU), M. Cros (Lyon 2), C. Darroux (Maison du Patrimoine de Bourgogne), J. De Largy Healy (LESC), E. Kong, S. Lagneaux (Université de Louvain), J. Laplante (Ottawa), F. B. Laugrand (Université de Louvain), G. Le Roux (Université de Bretagne), Y. Moreau (Japon), M. Préaud (SOGIP), R. Simenel (IRD), Alex Soucaille (Toulouse), G. Tan (Deaken University), S. Tonnelat (Laboratoire Mosaïque), G. Pruvost (EHESS), C. Bonneuil (GRHEN), A. Di Piazza (CREDO), S. Morand, E. Baratay, J. (Lyon 2) S. Krief (MNHN), L. Mariani (MNHN), N. Lescureux (CNRS-Montpellier), V. Servais (Université de Liège), D. Dupuis (INSERM).

L’équipe s’est constituée en 2005 autour d’un réseau de collaborations internationales et de cotutelles avec des universités australiennes, et autour des séminaires de Barbara Glowczewski à l’EHESS et au musée du quai Branly. L’axe prioritaire concernait les défis indigénistes, les ontologies aborigènes, l’utilisation rituelle d’images et les réseaux autochtones dans une perspective transculturelle. Depuis 2018, Florence Brunois-Pasina est co-responsable de cette équipe qui explore les manières complexes dont les communautés locales et les peuples autochtones font face aux bouleversements vécus dans leurs attachements à la terre et aux êtres humains et non humains sur leurs territoires. En effet, là où l’Occident s’obstine à poursuivre « l’idéal d’un homme sans attache » en répondant au défi climatique par le récit de l’anthropocène comme humanité désespérément détachée de sa terre, les autres collectifs non anthropocénisés témoignent d’un récit de l’humanité bien distinct en ce qu’il fait valoir, dans ses diverses réponses aux changements, un mode d’attachement plus encastré et intégré à la multitude qui peuple leur terre. Face aux bouleversements, il apparaît que ce qui émeut et met en mouvement ici, n’émeut pas de façon symétrique des individus là-bas ; que les mouvements de détachements imposés ici ou là (à l’égard des esprits, des mers, des terres, des lieux, des êtres humains et non humains, des choses du quotidien) ne produisent pas systématiquement les rattachements aux objets escomptés par l’Occident, mais produisent plutôt de nouvelles attaches aux êtres, lesquelles réorganisent la configuration des mondes partagés. Comment appréhender ces réajustements des liens qui se découvrent dans les savoirs et les pratiques locales des interactions entre les êtres ? L’objectif de ces recherches est d’expliquer les nouveaux assemblages glocaux (réseaux locaux traversés par le global) induits entre les humains, avec les non-humains, et entre les non-humains qui partagent un habitat commun. Les membres de l’équipe s’interrogent sur la dimension affective et perceptive des liens nouvellement créés. Peuvent- ils être assimilés aux « greffes affectives » que promeut l’adoption entre parents et enfants de races et de cultures différentes ou encore aux transferts d’adoptions observés entre les hommes et les animaux ? Quels moyens rituels, mythologiques, quelles formes de communication, de mémoire et d’action, ces acteurs mobilisent-ils pour ancrer ces nouveaux réajustements terrestres et leur partage au sein d’un monde commun ? Les travaux des membres de l’équipe témoignent de la dynamique des manières d’agir le monde et de répondre à l’agir du monde qui se donne à voir aujourd’hui en Europe, en Océanie, en Afrique ou en Amérique.

L’équipe organise un atelier de trois jours durant lequel des chercheur.e.s extérieur.e.s et des membres de l’équipe sont invités à présenter leurs recherches en cours. De plus, un programme scientifique combinant recherche et enseignement au niveau master et doctorat a vu le jour en septembre 2019, grâce à l’engagement actif des membres de l’équipe (F. Brunois-Pasina, B. Glowczewski et F. Keck) dans la création du Master en humanités environnementales, mention « Savoirs et Sociétés » à l’EHESS. Depuis sa création, 3 enquêtes ethnographiques collectives ont été réalisées dans le Limousin, à Paris 20e (« Terre d'Écologie Populaire ») et dans le Vercors (« Les alternatives écologiques »). Cette expérience pédagogique innovante déplace l’espace de transmission du savoir anthropologique sur le lieu de l’enquête ethnographique. Elle renoue de façon originale avec les enquêtes menées en 1968 dans un village bourguignon par les « Dames de Minot » (M.-C. Pingaud, T. Jolas, Y. Verdier, F. Zonabend). Une enquête réalisée sur le plateau de Millevaches par les étudiant.e.s et leur équipe enseignante a donné lieu à une publication collective (Des Énergies qui soignent en Montagne limousine Maiade, 2021 coédité par B. Glowczewski et G. Pruvost). Cette ethnographie collaborative a permis d’étendre le dialogue au-delà du monde académique, avec des membres de collectifs associatifs, au travers de tables rondes organisées chaque année (Association La Pommeraie, table ronde de l’École de la terre, Ferme de Lachaud, Limousin) et d'un nouveau stage collectif avec l'association Rewilding portant sur les questions de réensauvagement du territoire français public et civil. Le dispositif s’avère source de créativité sur le plan épistémologique, favorisant le déploiement des écritures alternatives de l’anthropologie. L’équipe est membre du GDR-Images-Écritures Transmédias et Sciences sociales qui a participé à l’organisation d’un salon des écritures transmédias en SHS au MUCEM à Marseille, en janvier 2020, lors du Festival Jean Rouch « Hors les murs ». À ce dense maillage de collaborations déployées au niveau national s’ajoute un réseau international dynamique qui bénéficie d’un partenariat avec l’Université d’Ottawa. Celui-ci a donné lieu à une publication collective en 2020 (« Devenir-Plantes. Enlacements et Attachements », Anthropologie et Sociétés, vol 44, n° 3, F. Brunois-Pasina et J. Laplante éds.).