Equipe / Anthropologie des formes de réception et d'appropriation de l'art

 Responsables : Brigitte Derlon et Monique Jeudy-Ballini.

 Chercheur.e.s du LAS : B. Derlon, M. Jeudy-Ballini, M. Mauzé

Les travaux de l’équipe visent à développer une anthropologie de l’art qui, centrée sur la réception des œuvres, fasse la part belle aux différentes formes d’appropriation (intellectuelles, affectives, artistiques…) qu’elles peuvent susciter. Pendant le contrat en cours, les membres de l’équipe se sont intéressées à la réception des arts non occidentaux par des artistes européens, qu’il s’agisse par exemple d’approfondir le regard porté par les surréalistes sur l’art de la Côte Nord-Ouest, ou d’étudier la forme d’appropriation particulière qui consiste, pour des artistes contemporains, à intégrer matériellement des pièces africaines ou océaniennes à leurs créations (tels Arman, Marc Couturier, Kader Attia, ou encore Willem de Rooij). Loin de la volonté de captation du merveilleux ou de la construction triomphale de l’identité européenne qui guida autrefois la transformation d’artefacts des antipodes en bibelots ou mobilier européens, ces artistes qui transforment l’art des autres en leur propre création proposent une réflexion critique sur notre rapport à l’altérité et sur le processus même de l’appropriation. Une part importante des réflexions a aussi concerné les résistances à l’appropriation de l’art de la part de communautés qui s’estiment spoliées ; des réflexions articulées autour d’un séminaire de l’EHESS consacré à la question des « appropriations culturelles ». Si ce qui se joue dans les interactions culturelles est au centre des préoccupations de l’équipe, les membres s’intéressent aussi, et à titre de contre-point, à des formes d’appropriation de l’art internes à l’Occident avec, d’un côté, le cas des faussaires, et de l’autre, celui des artistes dits appropriationnistes qui répliquent des œuvres déjà existantes (Sherrie Levine, Elaine Sturtevant, Mike Bidlo…).

Le séminaire de l’équipe s’est structuré autour de l’enseignement de B. Derlon à l’EHESS, « Anthropologie de l’art : réception et appropriation des œuvres ». Cet enseignement a proposé une réflexion sur la manière dont l’anthropologie et d’autres disciplines proches traitent des rapports entre art et inter- ou trans-culturalité, depuis les tentatives d’une définition universelle de l’art jusqu’aux débats entre spécialistes sur la question des « appropriations culturelles ». Concernant ce dernier thème, une part importante des recherches a porté sur le contexte historique et politique de l’émergence et du développement de la notion, ainsi que sur les spécificités des controverses dans divers domaines (arts visuels et plastiques, musique, fiction). Une réflexion s’est aussi engagée autour de l’esquisse d’une anthropologie des appropriations artistiques de l’art. Les diverses collaborations menées dans le cadre de cette équipe ont donné lieu à des publications collectives (Brigitte Derlon et Monique Jeudy-Ballini 2017, Arts premiers et appropriations artistiques contemporaines, Rome, Gangemi Editore et 2018, « Les ‘œuvres africaines’ d’Arman. Création, collection, appropriation », in S. du Crest éd., Les objets frontière dans l’art européen, Paris, Éditions de Boccard) et à des interventions dans les media à destination d’un public élargi.